Source: Le Sahel
Les rideaux sont tombés le 21 mai à Kisumu au Kenya sur la 9ème édition du Sommet Africités, l’évènement phare de l’Organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) Afrique qui se tient tous les trois ans dans l’une des cinq régions du continent. Après cinq jours marqués par des sessions et des échanges, les maires, élus locaux et régionaux africains, leaders des collectivités territoriales de l’Afrique, sont arrivés à la fin de leurs travaux qui se sont déroulés sous le haut patronage de SE Uhuru Kenyatta, Président de la République du Kenya, qui en a présidé le lancement sous le thème “le rôle des villes intermédiaires africaines dans la mise en oeuvre de l’agenda 2030 des Nations Unies et de l’agenda 2063 de l’Union Africaine.” Des représentants des Etats, d’anciens chefs d’Etat d’Afrique, des chefs traditionnels africains, des acteurs de la société civile, des partenaires engagés pour le développement durable de l’Afrique, ont rehaussé de leur présence l’éclat de ce Sommet sanctionné par la Déclaration des Maires et Leaders des Collectivités Territoriales, lue lors de la soirée de gala qui a clos cet évènement. La prochaine édition des Africités est prévue au Caire en Egypte dans trois ans.
Environ 4000 participants venus de tous les pays africains et au-delà ont pris part à des sessions, des panels, lors du Sommet. Leurs échanges ont permis de lancer des projets nouveaux, de débattre des principaux enjeux posés pour le siècle à venir. Il s’agit, selon les mots de la Déclaration, d’abord du développement d’une Afrique forte culturellement, consciente de son extraordinaire potentiel de développement, ouverte et capable de défendre une vision alternative d’un monde respectueux de l’environnement et des humains qui l’habitent et qui trop souvent l’ont abîmé dans le passé. Les maires et participants à ce 9ème sommet, se sont engagés à faire vivre la Déclaration de Kisumu dans leurs territoires et communautés, à partager avec les populations l’esprit d’unité qui a prévalu lors de cette rencontre et à les mobiliser autour des enjeux de protection de l’environnement, de développement économique, d’éducation et de diffusion de la culture. Leur conviction est que le développement des villes intermédiaires est le garant d’un avenir prospère et équilibré du continent africain car formant l’échelon le plus adéquat pour construire une armature urbaine en prise directe avec les réalités des habitants.
Une vingtaine d’idées, d’engagements, de propositions, composent la Déclaration de Kisumu. Il s’agit, entre autres, du souhait des participants au Sommet de faire des villes intermédiaires des pôles structurants du développement durable de l’Afrique en leur accordant une place de premier ordre dans l’aménagement du territoire et créer de nouvelles dynamiques territoriales favorisant des liens d’échanges et d’articulation entre le milieu rural et le milieu urbain. Ils ont affirmé leur volonté d’établir un dialogue politique constructif entre les différentes sphères de gouvernement pour respecter le principe de subsidiarité, facteur essentiel d’efficacité de politiques publiques.
Les maires et les autres participants au Sommet se sont engagés à privilégier la planification urbaine comme instrument de maîtrise de l’accroissement des territoires urbains et péri-urbains en mettant en place les instruments institutionnels, juridiques, réglementaires et opérationnels ainsi que les conditions d’un dialogue participatif avec la population. Ils font des objectifs inscrits dans l’agenda 2030 des Nations Unies, du nouvel agenda urbain, du droit à la ville et de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, leurs objectifs. Ce qui implique leur traduction dans des plans de développement local, l’élaboration des stratégies de développement urbain concertées et dotées de moyens techniques et financiers adéquats. Le rôle de la jeunesse dans la construction de l’Afrique nouvelle est souligné dans cette Déclaration, avec l’appel lancé aux maires pour la création des conseils locaux d’autonomisation des jeunes en vue de leur épanouissement, leur intégration et leur socialisation dans la ville.
La Déclaration réserve une importante place à la culture qui est adoptée par Africités comme le 4ème pilier du développement durable à travers le renforcement de l’identité culturelle des territoires pour en faire un vecteur potentiel de développement économique. De ce fait, les maires sont appelés à élaborer des programmes et des plans d’actions pour lutter contre la précarité et la vulnérabilité, notamment celle des enfants des rues, des femmes isolées, des jeunes désocialisés, à lutter contre les violences faites aux femmes en participant aux actions des groupes de femmes, à signer la charte africaine pour l’égalité des genres du REFELA, et en appliquant ses principes dans les collectivités.
La question du changement climatique est bien prise en compte par la Déclaration qui considère le phénomène comme un enjeu primordial pour les territoires. A ce sujet, les participants au Sommet ont recommandé aux gouvernements locaux d’adopter les mesures nécessaires pour la préparation de leurs territoires aux conséquences du changement climatique, et à rejoindre la Convention des Maires Africains pour le Climat.
Par ailleurs, un appel lancé à tous les Etats pour la signature et la ratification de la Charte Africaine des valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local, et à assurer leur bonne application. Il en est de même pour une meilleure répartition des ressources publiques en faveur du développement de centres urbains intermédiaires et à une attention renforcée des politiques publiques qui leur sont destinées.
Pour l’émancipation des femmes et des jeunes, la communauté africaine est appelée à s’engager davantage en portant des programmes de soutien économique dédiés à cette composante de la population, mais aussi en facilitant l’accès à des logements décents et abordables, en garantissant la sécurité et en prévenant la délinquances par des campagnes de lutter contre les violences faites aux femmes, et en offrant aux jeunes des programmes d’insertion et de socialisation via le sport et la culture.
Quant aux partenaires, ils sont interpellés pour soutenir le développement des villes intermédiaires africaines par la mise en place de programmes dédiés, des financements adaptés aux réalités locales. En outre, les maires demandent aux partenaires, conformément à l’accord de Paris sur l’efficacité de l’aide, de s'aligner sur les processus de décentralisation en cours dans les Etats africains, en s’appuyant sur les politiques sectorielles décentralisées ou en cours de décentralisation, etc.