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Suite à l'appel à candidatures de Make Every Woman Count pour notre concours de la Journée panafricaine de la femme pour 2022, nous avons reçu des contributions réfléchies et créatives de tout le continent. MEWC a annoncé les lauréates lors de notre célébration virtuelle le 28 juillet. Félicitations à tous les participants pour leurs contributions innovantes et variées sur le thème de "l'inclusion financière et économique des femmes africaines" ! Vous n'avez pas rendu la tâche facile à nos six juges pour sélectionner les gagnants des première, deuxième et troisième places. MEWC est fier de présenter les dix meilleures contributions sur son blog et ses réseaux sociaux afin de poursuivre les célébrations et les discussions importantes au cours de la semaine à venir.
PREMIÈRE PLACE
1. Commençant par la gagnante de notre concours, Njambi Esther Gathitu du Kenya a impressionné les juges avec son habile broderie sur toile, "Wangari".
Déclaration de l'artiste :
"Il s'agit de la représentation d'une femme africaine qui tente de se libérer des contraintes économiques et sociales qui limitent sa liberté de pensée et son indépendance pour exister sans sacrifier sa féminité. La petite boîte représente les contraintes économiques et sociales. Les couleurs rose vif et bleu foncé ont été utilisées pour souligner l'aspect féminin de l'idée."
Commentaires élogieux des juges :
'Wangari' est un visuel puissant qui répond au thème, crée un fort impact émotionnel et démontre des compétences et efforts artistiques. Il permet au spectateur de s'identifier à la femme sur la base de son expérience, de penser aux défis mais aussi aux solutions. La forme et la couleur sont bien cohérents avec la liberté intellectuelle et économique et le développement humain des femmes.
DEUXIÈME PLACE
2. En deuxième place, Lyly Nzié (Cameroun) nous a fait frissonner avec son poème émouvant "Sexospécificités".
Sexospecificités
homme,
Tout seul, tu ne peux changer le monde
Femme
La liberté ne se donne mais s’arrache
Ton histoire c’est toi qui l’écrit et personne d’autre que toi
Depuis l’Eden tu es réduite
à l'être issu de la côte de l'homme
ta grandeur se cacherait derrière la sienne
Façon très poétique de dire que tu vis dans son ombre
Mère de l’humanité, titre qui voile le mal profond
Te traitons nous ainsi
Parce que tu nous a fait expulser du paradis
Ou à cause du poids de la coutume ?
Te traitons nous ainsi
parce que nous te voyons comme une menace
Ou à cause des contraintes religieuses ?
homme,
Tout seul, tu ne peux changer le monde
Femme
La liberté ne se donne mais s’arrache
Ton histoire c’est toi qui l’écrit et personne d’autre que toi
Ta beauté, tes charmes, t’ouvrent plus les portes des hôtels et restaurants
Que de compte en banque, et d’accès aux financements
Nombreux te donneraient leur place au paradis
Songe à réclamer une place au parlement, au sénat,
au conseil d’administration, au conseil locale…
Où tu exposeras et défendras tes Sexospecificités
homme,
Tout seul, tu ne peux changer le monde
Femme
La liberté ne se donne mais s’arrache
Ton histoire c’est toi qui l’écrit et personne d’autre que toi
Objets de préjugés, discrimination,
Et de marginalisation
À compétence égale on te rémunère moins
On te qualifie de sexe faible,
Serait-ce parce que tu n’as ni pectoraux, ni d’abdos !
Tu ne comprendrais rien aux notions
De monnaie, banque et finance.
Ta place est aux fourneaux
Dans les travaux champêtres
Pour cela, très tôt est stoppée ta scolarisation
Te tenir la main pour refaire le monde est coûteux
Aux yeux des capitalistes
Alors cultive toi,
Car le monde évolue et si tu veux y jouer un rôle
Prouve chaque jour ta valeur aux misogynes
Les défis sont nombreux
Tes mères n’ont pu elles
prendre le train de la révolution industrielle
Que tes petites sœurs ne ratent celui du high-tech
Brandi leur tes meilleurs succès stories
Qu’elles prendront pour modèle
Qu’elles prennent conscience du combat que tu mènes
Car c’est pour elle que tu le fais
Un jour elles prendront le relais
Renforce leur capacité, nourri leur intérêt
Pour ce qui demeurent ‘’les métiers des hommes’’
Elles qui font s’écrouler tout ce que tu bâtis
En vous déshonorant par leur inconscience.
homme,
Tout seul, tu ne peux changer le monde
Femme
La liberté ne se donne mais s’arrache
Ton histoire c’est toi qui l’écrit et personne d’autre que toi
A quoi lui servirait un emploi, un salaire !
L’homme est le chef de famille, il peut tout faire
Ce n’est que de l’ignorance,
ils ignorent à quel point tu es un débouché vitale
Ils sont rempli d’arrogance
Ils pensent connaître tes besoins
qu’ils prennent peu en considération
Dans leur programme politique
C’est de la mauvaise foi
Ils savent que cela est indispensable pour ton autonomisation.
Car il ne faudrait pas que tu hausse le ton.
homme,
Tout seul, tu ne peux changer le monde
Femme
La liberté ne se donne mais s’arrache
Ton histoire c’est toi qui l’écrit et personne d’autre que toi.
Commentaires élogieux des juges : Sexospecificités est un poème puissant, magnifiquement écrit, qui saisit le thème, établit un lien avec le lecteur et inspire l'espoir.
TROISIÈME PLACE
3. Williams Tape de Côte d'Ivoire a remporté le troisième prix pour son essai réflexif "Inclusion financière : suggestions d'ici pour les femmes d'ici".
Au mois de Mai dernier, j’ai participé à une étude de marché sur les cultures maraichères à Abidjan en Côte d’Ivoire. A la question de savoir pourquoi n’acceptez-vous pas les paiements en ligne ? la répondante, une commerçante du marché Cocody Blockhaus âgée d’environ 50 ans a répondu de la manière suivante : mes clients me paient directement, et puis est-ce que ça c’est pour nous ils ont créé ? nous on est pas allé à l’école oh, toi même regarde la fille qui est dans la publicité qui passe à la télé, elle est bien chic. Nous on est dans chaleur au marché ici, on n’est pas habitué à ça.
Au-delà des barrières déjà identifiées qui ralentissent l’inclusion financière et économique des femmes en Afrique, cette réponse m’a permis de réaliser qu’une campagne publicitaire peut susciter chez la cible un sentiment d’exclusion en lien avec le profil, le style vestimentaire, l’apparence des participants et l’espace géographique.
Dans le souci de faciliter l’accès et l’usage des services financiers par les femmes en Afrique, le présent essai repose sur quatre propositions et un constat.
L’adaptation des spots publicitaires à la morphologie de la cible principale. Qu’il soit visuel ou auditif, le contenu de chaque campagne publicitaire doit être à l’image des femmes non scolarisées puisque celles-ci représentent la majorité des femmes actives dans le secteur informel. Cette approche favorisera le sentiment d’inclusion et de reconnaissance à travers les personnages.
La sensibilisation des hommes ruraux sur le rôle de la femme. Jusqu’à présent, les hommes vivant en milieu rural que je nomme les ‘’conservateurs’’, identifient la femme à partir des tâches domestiques et la reproduction infantile. Ce qui justifie leur hostilité face à l’accès de la femme à l’éducation. Sensibiliser cette frange en tenant compte des réalités culturelles sur les notions d’égalité de sexe, pour leur faire comprendre les bienfaits de l’alphabétisation de la femme pour le couple, le suivi des enfants, la femme elle-même et sa communauté. Au cours de cette sensibilisation il serait judicieux de rappeler que l’alphabétisation de la jeune fille ne représente pas un danger pour le respect du conjoint dans la vie de couple.
Encourager le planning familial tant en milieu rural qu’en milieu urbain pour réduire le temps d’inactivité des femmes pendant la période prénatale et postnatale. Dans le but de réduire également le temps consacré pour les soins des enfants ainsi qu’aux activités domestiques.
Promouvoir le vivre ensemble et la cohésion sociale afin de limiter les conflits politiques, intercommunautaires et les risques d’apatride. La récurrence des crises et des conflits en Afrique entraine le déplacement des populations, la destruction et la perte des documents (extrait de naissance, carte nationale d’identité, certificat etc.) légitimant l’identité des individus. Ce qui place certaines femmes dans des situations d’apatride. Or, l’ouverture du Mobile Money, voire d’un compte quelconque relatif à un service financier, est conditionné par la possession de l’un de ses papiers. Dans ce contexte, la promotion du vivre ensemble et la consolidation de la cohésion sociale apparaissent plus que jamais comme des paramètres indispensables à l’inclusion économique des femmes en Afrique.
Par ailleurs, l’on observe chez une grande proportion de femmes en Afrique la culture de l’épargne par le biais des tontines. Si les femmes préfèrent les tontines aux structures financières formelles, c’est sans doute pour la confiance et les procédures d’adhésion, les formes de communications autour de ce modèle économique. Il serait dans l’intérêt des banques de créer ce climat de confiance en se basant sur ce modèle, et en communicant davantage en langues vernaculaires.
** Une tontine est une association de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amitié, de profession ou de région, se réunissent de temps en temps pour mettre en commun leurs économies afin de financer des projets personnels ou collectifs.
Commentaires élogieux des juges:
Le candidat n'a pas seulement donné un aperçu des problèmes auxquels les femmes sont confrontées sur le plan économique, il a également proposé des solutions pour résoudre certains de ces problèmes. J'ai trouvé que le thème répondait directement à l'appel et qu'il y avait de l'espoir. J'aime aussi l'imagination et le côté créatif, où le candidat a fait référence à une expérience vécue.
Dans le désordre, nous présentons ci-dessous les autres soumissions qui ont atteint le top 10 du concours.
4. Chrispin Kimani du Kenya
Déclaration de l'artiste :
"Je soumets une œuvre d'art que j'ai fini de peindre le 10 juin de cette année. Il s'agit d'une œuvre simple de futurisme africain. Si les femmes africaines sont vraiment habilitées et ont des chances égales d'atteindre des objectifs à l'échelle mondiale, il y aura des astronautes africaines qui iront dans l'espace pour des missions qui aideront à faire avancer la connaissance et la technologie humaines."
5. Emmah Machokoto d'Afrique du Sud :
Introduction
De nombreuses personnes sur le continent africain continuent de subir le poids des inégalités créées par le colonialisme, le capitalisme, le racisme et la mauvaise gouvernance. Malheureusement pour les femmes et les filles, une autre couche est ajoutée par les inégalités créées par le patriarcat qui est profondément ancré dans diverses institutions formelles et informelles. Dans ce contexte, de nombreuses femmes sont exclues de la participation pleine et entière aux principales activités économiques, politiques, sociales et culturelles de leurs pays respectifs. S'il est louable que l'Union africaine ait déclaré la période 2020-2030 Décennie de l'inclusion financière et économique des femmes, cette déclaration restera une chimère pour la majorité des femmes concernées si des changements drastiques et stratégiques correspondants ne sont pas mis en œuvre pour inverser les effets d'années de discrimination et d'exclusion. Reconnaître l'intersectionnalité du colonialisme, du capitalisme, du racisme, de la mauvaise gouvernance et du patriarcat, ainsi que le rôle qu'ils jouent dans la discrimination, la marginalisation et l'exclusion continues des femmes des principales activités économiques de la région, peut être une lentille efficace et utile à travers laquelle des solutions au dilemme peuvent être formulées.
Où sont les lacunes ?
Malgré les limitations imposées de manière disproportionnée aux femmes africaines par le travail de soins non rémunéré par rapport à leurs homologues masculins, les femmes contribuent toujours de manière significative aux activités économiques formelles et informelles du continent. Selon la Banque africaine de développement, les femmes africaines possèdent un tiers de toutes les entreprises du continent. Les femmes africaines représentent également 70 % des commerçants transfrontaliers informels. Il est donc important d'accroître et de renforcer leur participation aux économies nationales et régionales. Sans revenir sur les raisons de l'exclusion des femmes, cet article énumère brièvement certaines des raisons de la persistance des écarts entre les hommes et les femmes :
* Moins de femmes au niveau de l'élaboration des politiques, tant dans les pays qu'au sein des divers organismes régionaux.
* L'existence continue de croyances et de pratiques culturelles et religieuses qui privent les femmes de leur autonomie.
* Des niveaux plus élevés d'abandon scolaire chez les femmes et les filles.
* Faible qualité des compétences en numératie et en alphabétisation acquises dans les écoles publiques sous-équipées.
* Accès limité des femmes aux établissements de crédit et aux marchés.
* Peu ou pas d'intégration de la dimension de genre dans les politiques de développement.
* Peu ou pas de systèmes sensibles au genre
Combler les lacunes
Plusieurs instruments régionaux et internationaux des droits de l'homme ont été utilisés au fil des ans par les militants des droits des femmes pour promouvoir et protéger les droits des femmes dans la région, le plus prolifique étant la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes de 1979. Bien que ces instruments aient contribué à la cause jusqu'à présent, il convient de mettre l'accent sur le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo), car il est "local" et traite plus spécifiquement des problèmes auxquels sont confrontées les femmes africaines. S'il est utilisé efficacement par les gouvernements, le protocole de Maputo changera la physionomie des questions liées au genre en Afrique. Les solutions pour l'inclusion financière des femmes peuvent facilement être formulées aux quatre coins de ce document. Il ne suffit pas de coucher des mots et des promesses sur le papier sans les mettre en œuvre efficacement. Les dirigeants africains doivent donc être tenus strictement responsables des exigences du protocole. Voyons comment le protocole peut être utilisé pour combler les lacunes identifiées.
Moins de femmes au niveau de l'élaboration des politiques
Cette question est traitée à l'article 9 du protocole de Maputo. S'il est appliqué, les femmes seront incluses aux plus hauts niveaux de décision, non seulement au niveau national, mais aussi au sein d'organismes régionaux comme l'Union africaine. Plus important encore, les accords de développement tels que la zone de libre-échange continentale africaine devraient inclure la voix et la participation des femmes.
Augmentation du nombre d'abandons scolaires et tertiaires/Qualité de l'éducation
Cette question est traitée à l'article 12. Il implore les États de promouvoir la scolarisation et le maintien des filles dans les écoles et autres établissements de formation et l'organisation de programmes pour les femmes qui quittent prématurément l'école. Les données montrent que plus le niveau d'éducation d'une personne est élevé, plus elle a de chances de s'émanciper économiquement, que ce soit en tant que salariée ou entrepreneure. Les gouvernements devraient donc montrer une volonté de suivre ce qu'ils ont mis sur papier et mettre en place les lois et les politiques qui permettront aux femmes et aux filles de rester à l'école et dans les établissements d'enseignement supérieur, car cela augmentera leurs chances de rejoindre le marché du travail formel ou informel d'un point de vue plus informé et plus autonome. Davantage de ressources devraient être consacrées aux écoles publiques afin d'améliorer la qualité de l'enseignement qui y est dispensé. La formation technique et professionnelle, l'apprentissage et d'autres programmes non formels devraient être encouragés comme alternatives.
Croyances et pratiques culturelles et religieuses dévalorisantes
Traitées dans le cadre des articles 5 et 17 qui demandent la fin des pratiques nuisibles et l'inclusion des femmes dans la formulation des politiques culturelles. Dans de nombreuses sociétés, la voix des femmes est étouffée parce qu'elles ne sont pas incluses, ce qui explique que certaines d'entre elles ne soient pas suffisamment autonomes pour vouloir s'impliquer dans les sphères économiques et politiques qu'elles considèrent comme la chasse gardée des hommes.
Intégration de la dimension de genre / politiques sensibles au genre
Traitées dans le cadre de l'article 2, plus précisément aux points (a) et (d), qui disposent respectivement que les États parties "inscrivent dans leur constitution nationale et autres instruments législatifs, si ce n'est déjà fait, le principe de l'égalité et veillent à son application effective" et "prennent des mesures correctives et positives dans les domaines où la discrimination à l'égard des femmes, en droit et en fait, persiste".
Accès des femmes aux établissements de crédit et aux marchés
Les femmes ont un accès limité aux établissements de crédit et aux marchés en raison de pratiques discriminatoires de la part des institutions financières ou parce que les femmes ne font pas de demande, principalement en raison d'un manque d'information sur ces institutions et sur la façon dont les établissements de crédit peuvent aider à stimuler leurs entreprises. L'éducation financière peut créer un lien entre les femmes et les marchés et institutions concernés. Il convient donc de déployer davantage d'efforts pour accroître la sensibilisation, l'éducation financière et l'accès physique aux marchés et aux institutions et établissements de crédit, et pour créer des programmes de financement d'entrepreneurs spécifiques aux femmes vivant en milieu rural et urbain.
6. Innocent Tuy Mwendo de la RDC
Titre : Pagne d'inspiration
c'était un soir, sinon une nuit
et ensemble nous pensions à la vie
à nos jours si acres du passé
et à notre avenir, cet horizon tantôt obscur et bleuté
il pleuvait des cordes, pourtant
et j'étais dans ton dos, sinon dans tes bras
et les foudres, partout, murmurant
tu me demandais tout bas :
"M'aimes-tu ?
Je répondais : C'est impossible de ne pas t'aimer, mère
Et tu pleurais...
Ô Femme ébène, d'Afrique et des Antilles
Femme du fleuve
toi qui défie les vagues et tempêtes
Femme des champs du Nord et du Sud
toi qui laboure, sarcle et récolte les graines
Femme des montagnes
Femme des vallées
Femmes citadines
vendeuse d’or et de perles
de bonheur et de joie
J'entends ta voix sonner le glas de discrimination, haine outrée
J'entends tes pas trotter vers un avenir plus radieux
Femme d'ici ou d'ailleurs
Femme de Port-au-Prince
De Paris, de Goma ou de Brazzaville
Femme chantée dans l'orchestre Rochelau
Femme emblématique, dessinée dans le poème Senghorien
Au-delà de tes blessures quotidiennes, le monde te doit Amour et respect
Femme des couleurs
venue peut-être des paradis jamais explorés
J'admire ton visage de fée, ciel azuré, où brille l'espérance de tout un peuple
J'admire tes courbes aussi rondes que le fameux bassin du Nil
J'admire tes mains aussi productives
Mère du monde, renoue ta pagne d’inspiration
Lève-toi, réveille-toi
Le coq a chanté, le travail a recommencé
Lève-toi, réveille-toi
et fais de ce monde ruiné un havre de paix et de progrès.
7. Takou D. Assié de Côte d'Ivoire
8. Ibrahima Imorou du Bénin
L'inclusion économique et financière des femmes : bientôt une réalité dans tous les recoins de l'Afrique.
L'autonomisation des femmes s'est accompagnée avec leurs inclusions financière et économique. Longtemps léguées au second plan, les femmes sont aujourd'hui l'espoir d'une Afrique développée. Pas seulement parce que qu'elles sont émancipées mais aussi parce qu'elles ont progressivement accès aux finances qui satisfont leurs besoins. Alors, plusieurs raisons nous poussent à avoir un espoir sur la femme, devenue l'élément clé , pour l'Afrique.
Les femmes sont, en Afrique, celles qui abondent les marchés, et leur accès à des services financiers ne fera qu'accélérer l'évolution sur plan commercial de l'Afrique. Heureusement que bien des projets ont vu le jour pour accompagner l'inclusion financière de celles-ci. Ces projets ont permis a la femme africaine, et Béninoise en particulier, de faire prospérer leur commerce, d'assurer leur autonomisation et donc, d'être de femme indépendante. Parmi ces projets , nous avons le Centre africain pour la transformation économique (ACET) vise à déterminer et à évaluer l’efficacité des initiatives d’inclusion financière existantes, ainsi que leur succès ou leur échec relatifs quant à l’atteinte des objectifs dans certains pays subsahariens. Le projet auquel plusieurs femmes se sont vues émanciper grâce aux services financiers accordés.
De plus, les innovations des femmes sont encouragées partout en Afrique. C'est un pas , un espoir et un tremplin pour briser le mythe sexiste. Au même titre que l'homme, la femme a la possibilité d'innovation et de financer son innovation pour faire vivre son expérience de par le monde. La femme n'est plus l'automate de la maison, elle n'est plus passive face aux problèmes, elle n'est plus influencée comme celles des années antérieures. La femme africaine d'aujourd'hui impact, innove, influence. Parce qu'on a compris que tout développement durable passe par la femme. C'est pourquoi dans les Objectifs de Développement Durable (ODD), en particulier l’ODD 5 (l’égalité des sexes et l’autonomisation économique des femmes) a leur a été attribué. Vu cet aspect, on pourrait conclusion l'inclusion financière des femmes devient une réalité en Afrique. Mais il faut redoubler encore plus d'efforts. Sans quoi, nous allons voir nos ce début s'écrouler.
9. Chimène Kouekeu Ngoukam du Cameroun
Maman est déjà de retour du champs. Il est 18h30, heure de Bafoussam. Ma petite soeur et moi nous l’ attendions impatiemment. Elle avait l’habitude de revenir à 16 heures de ses activités champêtres. Cette journée , nous avons prévu une soirée spéciale, maïs et prunes grillés entre filles . Lola et moi nous avons déjà commencé à nettoyer les aliments sur lesquels nous allons jeter notre dévolu. Ce mois de Juin est un merveilleux moment de récolte pour les agriculteurs et les consommateurs bien sûr . Cette période de Juin est aussi pour moi le cours de mon tourment.
Cela fait trois semaines que je suis revenue à la maison familiale. Face aux murmures des voisins du quartier s’opposent les chaudes larmes de ma mère. Après l’obtention de mon Baccalauréat à Bafoussam; il y’a sept ans , je suis allée dans la capitale Yaoundé. J’y ai fait 3 ans études pour obtenir une licence professionnelle en Management des Entreprises. Je fus longtemps assistante de direction ou gestionnaire dans plusieurs petites entreprises de Yaoundé. Face à la crise du Corona virus en 2020, j’ai perdu mon dernier emploi. J’ai bien essayé de retrouver du travail. Cela se revela être un exercice bien complexe comme chercher un cauris sous un troupeau de boeufs. Cependant, un jour je réussis à être sélectionnée pour un entretien d’embauche dans une entreprise de renom. Lors de l’entretien, mon interlocuteur me dit que le fait d’être femme et célibataire me disposait peu à obtenir le poste de cadre dans leur structure. Décontenancée, je reussis tout de même à lui demander pourquoi il m’avait appelée pour l’entretien. Il semblerait que mon nom leur ait fait croire que j’étais un homme; Renée Bissima.
De son côté, mon fiancé jugea bon de me demander de partir car il ne voulait pas d’une ménagère et consommatrice. Et dire que pendant toutes ces années c’est moi qui payait notre loyer et les factures. Sans même penser à épargner. Ma mère au village n’avait pas de compte et elle s’en était bien sortie pendant mon enfance , me disais je . Mon fiancé lui, clamait avec un ton suave que son salaire d’ingénieur en télécommunications, il l’économisait pour venir me doter . Après le mariage tout irait mieux pour nous .
Eh bien me voici donc à Bafoussam sans aucun revenu, sans économie et sans mari.
Mama posa sa hutte bruyamment sur le sol de la cuisine, sans attendre que Lola ou moi venions l’aider. “ Les recoltes ont plutôt bien donné cette année, je suis contente “ lanca t’ elle . Nous accourûmes pour vider le contenant .Que de grosses épis de maïs . Quel bonheur! Lola alla directement chercher notre reserve de prunes déjà apprêtées pour le festin .
Je regarde les yeux de ma fille briller à la vue des épis de maïs , ça me fait plaisir . Son histoire me fait souvent penser que j’ai failli dans mon devoir de parent. Je contemple les fins traits de ma fille sous son teint basané. Ses beaux yeux marrons comme ceux de son père. Ah si seulement il était là. Peut être , saurait il quoi faire. Shuape aide moi.
En rentrant du champs que je loue; la famille de mon mari a récupéré ses terres à sa mort; je suis passée à la case communautaire siège d’un nouveau GIC. Il regroupe toutes les femmes cultivatrices afin de les aider à mieux gérer leurs plantations et les forme à l’éducation financière. Chaque femme de la Gic a dorénavant un compte bancaire et une assurance maladie . Neanmoins la gestion du Gic est un peu amateur. J’ai proposé aux femmes et au chef du village les services de ma fille . Son père et moi la rêvions cheffe d’’entreprises mais gestionnaire d’un Gic c’est mieux que rien .
Deux jours plutard Le chef du village fit venir Renée en présence des membres du GIC et lui confia le management du Gic. “ Ma fille nous croyons en tes capacités. Tu as fait de bien longues études. Je n’ai que des fils mais si j’avais une fille comme toi je serai encore plus heureux .”
Des larmes insoumises s’écoulent de mes yeux sans crier gare . C’était au bercail qu’on me donnait finalement ma chance , en plus le chef du village . Un homme . Patriarche.
En fin Lundi. J’eus trois jours depuis l’annonce pour m’apprêter à affronter mon nouveau poste. Enfin je crée un compte bancaire courant , ET un compte épargne, comme toutes les femmes du Gic et j’ai droit à une assurance maladie.
Trois cent soixante cinq levers du jour , virent Renée se donner d’arrache-pied dans le Gic de son village à Bafoussam. Ouverte d’esprit, elle decida d’accompagner la creation de pareil Gic dans d’autres villages de l’Ouest Cameroun. Et même à l’Est du pays . Le fruit de deux années de dur labeur fut la creation de son Cabinet de Management: WomenWorthPro. Au delà des GIC , elle accompagne tout type d’entreprises et projets portés principalement par des femmes. Elle alla s’installer à Douala, la capitale économique.
Au village la rumeur courait que Renée avait gagné le prix de la meilleure Start up en Afrique Centrale. Sa mère n’en était que fière. Lola disait à qui voulait l’entendre que Renée est sa grande soeur, déclarait après:” Un jour je serai comme ma grande soeur “
Fin.
10. Moses Ojo du Nigeria